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22 Jul

34 éme congres : Martine Gayraud Secrétaire Générale de la fédération du Gard : A propos du projet et du féminisme

Publié par secretaire de section

   A propos du projet et du féminisme

  

Concernant notre projet, Marie George Buffet écrit dans sa contribution du 9 juillet : « Notre projet doit être celui d’une société d’épanouissement individuel de liberté et de solidarité. Pleine égalité des droits, refus de toute domination, l’émancipation des femmes gravement remis en cause en ce début du 21° siècle fait du féminisme un de nos combats existentiels. »

Je partage totalement ces propos et je pense que cette question n’est pas suffisamment pris en compte dans notre parti, elle est même le plus souvent négligée. Souvent la seule domination reconnue est celle du capitalisme, alors que deux pouvoirs s’alimentent et se renforcent dans le monde : le patriarcat et le capitalisme. C’est pourquoi vaincre la société patriarcale doit être un des moteurs de notre projet. Certes dans la mondialisation capitaliste l’exploitation des femmes est très diversifiée selon le pays, les cultures, mais leur subordination, leur infériorisation est toujours, hélas, une continuité de l’histoire. Il est commun de dire que rien n’est jamais acquis définitivement pour les femmes, nous le vérifions chaque jour ici, en Europe et dans le monde.

De plus les femmes vivent souvent douloureusement la lenteur de l’évolution des mentalités et la rapidité des changements de la vie courante, même si leur lisibilité dans la société est maintenant acquise, elles se sentent tiraillées en permanence et perçoivent toujours, le poids de la domination masculine. L’image qu ‘elles se font d’elle-même en est souvent brouillée, leur vie est faite, même de nos jours, de trop de renoncements, de doutes et de repli sur soi.

Elles sont les premières victimes de la violence économique : salaire moyen inférieur de 25% à celui des hommes, elles occupent en Europe 80% des emplois à temps partiel, dans toute l’Europe aujourd’hui les inégalités salariales sont criantes et majorées par des orientations scolaires    vers des cursus d’emplois à dominante féminine souvent précaire, des salaires individualisés à partir de critères de disponibilité sur lesquels pèsent la gestion du quotidien. Plus la société est en crise, plus cela aggrave les inégalités entre femmes, et bien sûr entre les hommes et les femmes. A cela s’ajoute, quel que soit l’emploi, l’enjeu de tout concilier, vie familiale et vie professionnelle, il s’agit pour elles de cumuler en permanence avec beaucoup de difficultés.

Les enquêtes menées en France dans le cadre d’une étude européenne sur les personnels soignants, un secteur que je connais bien, confirment que 72% des soignantes vivant en couple disent assumer seules la totalité des tâches ménagères et leur situation est, bien sûr,  aggravée par la monoparentalité ou le cumul emploi, vie familiale et responsabilité parentale rend leur vie très difficile.

Les femmes subissent aussi les violences conjugales c’est un sujet encore trop d’actualité ; le combat que mène notre parti avec d’autres est primordial. Je ne rallonge pas mon propos à ce sujet.

La situation des retraitées est aussi très aggravée, les femmes constituent, tout secteur confondu, la totalité des retraités pauvres. Ce constat est corroboré par une étude faite par l’institut d’étude politique de Bordeaux,  à la demande de la caisse de retraite CNRACL (Caisse de Retraites des Territoriaux et Hospitaliers) dans laquelle je siège avec un mandat syndical, étude faite à partir de la population des allocataires du fond d’action sociale de cette caisse : ce sont essentiellement des femmes, seules, veuves ou en invalidité qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Je pourrais décliner plus longuement la situation faite aux femmes chez nous, en Europe et dans le monde en ce début du 21° siècle. Beaucoup a déjà été dit et écrit, tous ces combats donnent un sens au projet que l’on veut construire.

L’égalité entre hommes et femmes nécessite un nouveau contrat social qui prenne réellement en compte toutes ces questions ainsi que la question des services publics d’une manière plus large qu’aujourd’hui.  En effet l’utilisation des femmes dans le cadre de la famille pour accomplir les tâches qui concernent les soins et les services à la personne permet au Gouvernement de décliner sa responsabilité et de remettre en question les services publics existant en se gardant bien de réfléchir à la création d’autres services publics qui permettraient aux femmes d’assumer pleinement leur vie au travail et familiale sans cumuls ni contraintes.

Le féminisme est un mouvement de transformation qui n’attend pas le grand soir. « Il se construit en même temps qu’il transforme la société » écrivait  Sabine Salmon, présidente de femmes solidaires, dans l’Humanité du 8 mars 2007. C’est pour cela aussi que le communisme est un féminisme et qu’on ne peut concevoir un projet de société sans avancer profondément sur ce sujet. Notre projet est celui d’une société d’émancipation en pleine égalité de droit. C’est donc un autre fonctionnement de la société qu’il faut promouvoir, tenant compte des différences de genres (féminin/masculin) et donc luttant contre toutes les discriminations de genre dans la sphère sociale comme privée.

Cela nécessite des choix et des actes politiques, vaincre la société patriarcale ne peut se payer de mots !

La participation des femmes en tant que sujets sociaux dans la détermination des normes qui régissent la société est une clé qui peut permettre d’instaurer enfin une vraie démocratie de genre. Le concept de parité en est un des moyens, appliqué à tous les échelons de responsabilités  y compris de notre parti  et bien sûr au moment des élections.

Il y a encore du chemin à faire en la matière : l’observatoire de la parité avait remis un rapport d’évaluation de l’application de la loi il y a six ans le constat était affligeant. Aujourd’hui qu’en est-il ? Le décalage entre taux de candidates est celui d’élues est encore trop important. Les raisons sont connues, là où on espère gagner, on met le plus souvent des « pointures » de la politique c’est à dire un homme qui a un à deux mandats, là où les chances sont moindres les partis politiques choisissent prioritairement des femmes, faisant vivre ainsi le postulat selon lequel seul les hommes seraient des candidats naturels de la victoire. Ce rapport soulignait aussi les retards considérables dans certaines régions comme le Languedoc-Roussillon, on peut d’ailleurs noter des reculs lors des dernières élections municipales et cantonales notamment dans mon département.

Enfin, prendre des responsabilités politiques dans une société dominée par le patriacart est, encore de nos jours, très difficile. C’est une réalité que je vérifie au quotidien en tant que femme et dirigeante politique. Ce constat me conduit souvent à m’interroger sur les raisons d’une évolution si lente des mentalités, même chez nous, alors que nous cherchons à construire une société d’émancipation humaine. Je constate souvent qu’il s’agit plus d’un conditionnement culturel, historique et, où « machiste » qui relève souvent de l’automatisme et génère des situations d’incompréhension, voire de « goujaterie », pas toujours facile à vivre même si j’en connais les raisons. Pour l’avenir des idées que nous portons nous devrons bien, ensemble, dépasser tous ces obstacles et ces blocages car nous ne pourrons pas contribuer à changer la société sans changer nous-mêmes, c’est pour cela qu’il me semble fondamental de travailler en profondeur cette question dans le cadre de la préparation de notre congrès.

 

Martine Gayraud

Secrétaire Générale de la fédération du Gard

Membre de l’exécutif national

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