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29 Dec

La pente résistible du social-libéralisme

Publié par secretaire de section

« Tournant » ou pas « tournant » ? Depuis six mois, le gouvernement semble engagerarton880025-a51ea.png une« révolution copernicienne » qui tourne le dos à une réelle politique de gauche. Un cap social libéral qui s'aggrave avec le temps, trouvant son origine dans les contradictions du programme de François Hollande.

C'était le 13 novembre dernier, à l'élysée. Au détour d'une question, François Hollande lâche, lors de sa conférence de presse : « Il y a toujours eu deux conceptions (du socialisme). Une conception productive, on a même pu parler de socialisme de l'offre, et une conception plus traditionnelle, où on parlait de socialisme de la demande. Aujourd'hui, nous avons à faire un effort pour que notre offre soit consolidée, plus compétitive et je l'assume. » La phrase n'est pas passée inaperçue. D'aucuns y ont vu le signe indubitable d'un « tournant » libéral sur le modèle de la social-démocratie européenne, délaissant la redistribution des richesses au profit d'un renforcement de la « compétitivité » des entreprises. Les engagements ambigus du candidat Hollande

Au sommet de l'état, on s'en défend : la politique du gouvernement est conforme aux engagements de campagne de François Hollande. Du côté du PS, aucun équivalent du congrès du SPD allemand de Bad Godesberg n'est en vue, qui entérinerait définitivement la mue sociale-libérale du réformisme français. Ce qui fait dire à Emmanuel Maurel, chef de file de l'aile gauche du PS, au dernier congrès de Toulouse : « Ma candidature a incarné l'ancrage à gauche du parti. () Le débat sur l'Europe n'est pas soldé, de la même façon que le vote sur le TSCG (le traité budgétaire européen) n'éteint pas le débat sur la rigueur. »La réalité est en effet ambivalente, et trouve sa source dans les engagements volontairement ambigus et contradictoires du candidat Hollande, sous la pression d'une campagne formidablement difficile et conflictuelle. D'un côté, la nécessité d'une rupture nette avec le sarkozysme, sans laquelle le rassemblement majoritaire de la gauche n'aurait pu voir le jour, le 6 mai : c'est le fameux discours du Bourget du 22 janvier, désignant la « finance » comme « l'adversaire ». Un plaidoyer marquant, pour le coup, un vrai virage dans la campagne socialiste, traduisant un déplacement du centre de gravité du débat vers la gauche, sous l'effet du décollage de la campagne du Front de gauche et de son candidat, Jean-Luc Mélenchon. Mais, d'un autre côté, le programme du candidat socialiste est resté fidèle à la matrice de sa campagne durant la primaire, le processus inédit de désignation l'autorisant même à s'affranchir du projet du PS, qu'il entendait rendre « compatible avec les objectifs de réduction de la dette » (Michel Sapin,25 octobre 2011).un refus de choisir théorisé en haut lieu Ces ambiguïtés sur les ambitions réelles du candidat ont été entretenues durant toute la campagne : refus de la « règle d'or » budgétaire constitutionnelle, mais « vote d'une loi sur le retour à l'équilibre des comptes en 2017 » ; embauches dans l'éducation nationale, mais compensées par une diminution dans les autres ministères ; engagement de renégocier le traité européen, mais se limitant, en fait, à le « rééquilibrer » et à le « compléter » par un « pacte de croissance », etc. « Le programme de François Hollande était traversé par une contradiction, en affirmant vouloir rompre avec la politique d'injustice sociale de Sarkozy sans remettre en cause les logiques d'austérité du traité européen et de compétitivité prônées par les grands patrons », rappelle Pierre Laurent, dans l'Humanité du 12 novembre. « Depuis le début, nous répétons que c'est impossible. Entre les exigences patronales et le redressement social de la France, il faut choisir. » Ce refus de choisir, certains l'ont théorisé, tel Pierre Moscovici, qui se ; revendiquait, le 12 novembre, devant la Conférence annuelle des entrepreneurs, « le ministre des entreprises, mais de toutes les entreprises et de toutes les parties prenantes : dirigeants et salariés, patronat et syndicats », refusant d'être « le prolongement de l'un ou des autres de ces intérêts ». Le patron de Bercy n'hésite pas à évoquer une « révolution copernicienne » à l'œuvre avec François Hollande, « inédite dans l'histoire de la gauche » : celle « de l'engagement réformiste, de la voie sociale-démocrate». Baisse du coût du travail, hausse de la TVA, austérité budgétaire et, dernièrement, refus de nationaliser Arcelor Mittal à Florange : pour le secrétaire national du PCF, « il faut que toutes les forces sociales qui ont voulu le changement exigent une inflexion des choix, sinon le chantage du patronat continuera de s'amplifier et le pays ira dans le mur. »

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