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14 Sep

Marie-George Buffet : Fête de l'Humanité 2009

Publié par secretaire de section

Marie-George Buffet

Fête de l'Humanité 2009

Intervention

Rencontre amicale avec

le mouvement associatif, syndical, politique,

le monde de la culture et du sport

12 septembre 2009

 

Mesdames et messieurs...

Chers amis, chers camarades,

 

 

Merci de votre présence,

C'est toujours avec le même plaisir que je vous retrouve au stand national des communistes, à la Fête de l'humanité, dans toute cette effervescence de débats, de concerts, d'expositions, de pièces de théâtre, de discours de Jaurès et toujours de belles rencontres.

Une fête solidaire et combative à l'image de son journal l'Humanité, le journal du mouvement social et du débat à gauche. Une fête construite des mains, de l'engagement et de l'esprit militant.

Une fête qui en elle-même constitue un acte fort de résistance à ce système capitaliste que la crise a rendu encore plus violent et irresponsable envers êtres humains de la planète.

Syndicalistes, bénévoles associatifs, militantes et militants politiques de gauche, ils convergent vers cette fête pour en faire une caisse de résonance de leurs luttes face à la droite et au grand patronat, un laboratoire de leurs propositions et de leurs rêves.

Dans les allées, point de querelle de clochers mais des actions, des propositions, des convergences, des rassemblements, qui se construisent ici sur la fête.

Ainsi depuis deux jours, ce qui me frappe, c'est cette interpellation, répétée à mille voix : quel chemin doit-on prendre ensemble pour que soit donné suite à toutes ces luttes et ces aspirations à vivre mieux.

« Si on ne pense pas qu’un jour le monde appartiendra au monde, on ne peut pas se battre au jour le jour » disait Robert Guediguian dans l'Humanité de jeudi.

Oui, au coeur de la fête, je sens l'exigence de perspective. Et cette exigence populaire, je ne veux pas, les communistes ne veulent pas qu'on la laisse sans réponse. A quoi sinon servirions-nous ?

La Fête de l'Humanité nous donne la chance de débattre sans a priori ou protocole. C'est un moment particulièrement important pour nous les communistes, mais je sais aussi aussi de plus en plus pour l'ensemble des forces de gauche et écologistes.

Mais la fête passée, dès les jours à venir, il nous faudra continuer, intensifier ce débat pour ouvrir ensemble le contenu et la voie de cette perspective. L'urgence est là.

Des rendez-vous communs, nous en avons : nous sommes aux côtés des parents d'élèves qui occupent leur école ; aux côtés des salariés en lutte aujourd'hui pour le maintien de leur emploi ; le 3 octobre, syndicalistes, élus, citoyens, tous et toutes nous serons de la votation citoyenne contre la privatisation de la poste. Quelques jours plus tôt, le 16 septembre, nous nous retrouverons au Bourget pour empêcher la mort du service public du fret. Le 21 septembre, nous serons avec les comédiens et artistes contre le démantèlement du ministère de la culture. Le 17 octobre, nous serons tous et toutes du combat féministe au moment où, comble du cynisme, Nicolas Sarkozy veut rogner les retraites des femmes au nom de l'égalité. Ils nous avaient déjà fait le coup pour le travail de nuit !

Militantes et militants de gauche et écologistes, enfin, nous serons côte à côte pour dire notre soutien à la grande journées de mobilisation syndicale unitaire du 7 octobre.

Fin septembre, les militantes et militants, les élus communistes engageront une nouvelle semaine d'action pour, à partir des propositions de loi que nous avons défendues à l'Assemblée nationale le 28 mai, relancer l'exigence d'une interdiction des licenciements boursiers, de nouveaux droits aux salariés dans la gestion des entreprises, de nouveaux moyens pour garantir l'autonomie de la jeunesse.

De curieux observateurs du climat social s'interrogent sur le calme de cette rentrée ; ils ne vont pas être déçus. Oui, l'action est à l'ordre du jour pour faire reculer gouvernement et Medef.

Oui l'action est à l'ordre du jour pour rompre avec les logiques en place et battre les libéraux de tout genre.

Et l'action, c'est bien sûr les luttes, mais c'est aussi construire un nouveau projet de société, des propositions qui le dessinent, un rassemblement populaire et politique qui les mettent en oeuvre.

Et cela, c'est la responsabilité historique de la gauche de s'y atteler.

Et cette action, elle est vitale. La crise du système capitaliste interpelle toute l'humanité, celle qui a faim en Afrique, celle qui chôme en Europe, celle qui n'a pas droit à la santé aux Etats-Unis, et partout celle qui voit la planète s'assécher. Et parce que la réponse politique majoritaire aujourd'hui, la réponse libérale, est non seulement impuissante à résoudre ces enjeux communs à toute l'humanité, et pire aggrave la crise au jour le jour, le combat communiste pour dépasser ce système en s'appuyant sur les luttes émancipatrices a toute son actualité et sa modernité.

Un an après la crise financière et le discours musclé de Nicolas Sarkozy sur la moralisation du système, les financiers ont le sourire. Ils ont touché le jackpot de l'argent public, ils continuent à spéculer et ils tiennent les robinets du crédit fermés. Alors que proposer, que faire ? La gauche va-t-elle nationaliser des banques et créer un pôle financier public ? Va-t-elle conditionner le crédit à des objectifs sociaux et écologiques ?

Un an après la crise, Sarkozy réduit les missions de l'Etat. On nous dit : les caisses sont vides ! Les caisses sont vides mais il serait tellement facile de les remplir en abrogeant le bpuclier fiscal, et par une réforme de la fiscalité restaurant le caractère progressif de l'impôt jusqu'au bout, par la taxation des profits qui courent vers la finance, par l'incitation à préférer l'emploi à l'OPA, les salaires aux dividendes. C'est ce que doit porter la gauche !

Un an après la crise, le président et Estrosi annoncent des sauvetages d'entreprises. Mais les faillites et les licenciements ne cessent de grossir, alors la gauche doit promouvoir une nouvelle croissance, une nouvelle politique industrielle porteuse d'emplois qualifiés, de sécurité d'emploi, d'une nouvelle façon de produire, de bien être au travail, d'ambition pour la recherche, respectueuse de l'environnement.

Un an après la crise, les libéraux parlent d'écologie, mais pour eux un sou est un sou et leur seule réponse, c'est une usine à gaz par nature peu efficace pour dépolluer, c'est une taxe et lorsque l'opinion hurle contre la taxe, ils disent : on va vous rembourser. Et si la gauche et les écologistes s'engageaient à moduler l'impôt sur les sociétés selon leur engagement à une nouvelle façon de produire, et si elle proposait la création d'un pôle public de l'énergie, si elle relançait le rail contre la route.

Nicolas Sarkozy promet de rembourser quelques euros de plus à ses familles modestes que lui et ses compères ont chassé à la grande périphérie des villes. La gauche, elle devra travailler à inventer une ville où partait pourrait se mêler lieux d'activité, logements accessibles pour tous et toutes, services publics, transport collectif, à mille lieues de ces villes organisées par et pour la spéculation immobilière.

Un an après la crise, la droite agit pour que rien ne gêne la marche triomphale des affaires, elle s'emploie à alléger les droits des citoyens partout où c'est possible ! Elle poursuit sa chasse à l'homme à coups de quotas initiés par Sarkozy et son ami Hortefeux. On voit où cel le mène.

Et si la gauche par la loi donnait aux salariés des pouvoirs nouveaux à l'entreprise. Si elle réformait les institutions pour aller vers une nouvelle République reconnaissant l'intervention populaire à tous les niveaux, favorisant l'épanouissement du fait associatif, nourrissant le pluralisme, l'éducation populaire et la confrontation des idées. Si elle s'engageait à abroger toutes les lois actuelles sur l'immigration et à donner droit à la citoyenneté des résidents étrangers.

Un an après la crise, la droite veut réélire Barroso à la tête de l'Europe pour le remercier de son zèle à imposer la libre concurrence, le tout-marchand, les barbelés aux frontières. Et si une majorité et un gouvernement de gauche s'affrontait à cette construction libérale de l'Europe pour promouvoir de véritables services publics et faire partout le choix du mieux disant social pour l'intérêt des peuples, par exemple par la clause de l'Européenne la plus favorisée !

Un an après la crise, la droite de Sarkozy a mis la France pieds et poings liés dans l'OTAN, mène la guerre en Afghanistan, mais ne se fait pas entendre lorsqu'il s'agit de parler du Honduras ou de la tragédie en Palestine.

Et si la gauche aujourd'hui et demain en responsabilité décidait le retrait de la France de l'OTAN, de nouveaux objectifs pour une mission internationale en Afghanistan et une détermination politique à imposer l'ouverture de véritables négociations pour un Etat palestinien souverain dans les frontières de 1967 aux côtés de l'Etat d'Israël.

Oui, face à cette crise du système, face à l'indigence du libéralisme, il faut s'atteler maintenant à faire gagner le mouvement populaire, la gauche sur une alternative clairement à gauche.

Au cours de cette intervention, j'ai bien sûr évoqué des propositions que je porte avec mes camarades du parti communiste français. Je sais que certaines sont partagées par vos organisations, d'autres font l'objet de débats. Nous savons les grandes revendications portées par les syndicats, les exigences du mouvement associatif. La question n'est pas de mettre tout cela bout à bout mais de construire dans la confrontation une réponse cohérente au niveau des enjeux actuels.

Convergences, divergences, bilans, nouveaux projets, alliances, rassemblements, fronts, révolutionnaire, anti-capitalisme, social-libéral, centre gauche, transformations sociales, nouvelle croissance, décroissance, régulations, ruptures. Liste à la Prévert ? Non, ces mots illustrent de véritables débats de fond. Quel projet à gauche et quelle conception du pouvoir à gauche peuvent permettre d'éradiquer de cette société ce dont nous ne voulons plus : les injustices, les inégalités, toutes les formes d'exploitation, de domination, d'aliénation capitaliste ou patriarcale... Quel projet à gauche, quelles conceptions du pouvoir peuvent permettre, à l'inverse des politiques libérales, de commencer à répondre aux enjeux écologiques, sociaux, démocratiques, aux enjeux de développement, d'accès aux droits pour une multitude ?

Le sujet est d'ampleur, il peut être l'objet d'un débat sans précédent si notre peuple s'en saisit. Encore faut-il qu'on le lui permette. C'est un enjeu en soi.

Car pour l'instant, ce débat n'est pas à la une.

Primaires, alliances, leaders, images, combats de chefs présidentiables, mains tendues avec quelques arrière-pensées, c'est hélas cela qui occupe l'espace politique médiatique.

C'est cela qui fait apparaître une gauche démunie et sans idées.

Ce n'est pas que les médias. Ceux et celles qui à gauche veulent nous faire dériver en nous proposant des alliances bilboque ou en ne laissant aux hommes et aux femmes de gauche que le choix des leaders, pas celui des idées, ceux-là conduisent la gauche à la défaite ou nous préparent une alternance portant de près ou de loin la même politique, ce qui est une autre façon d'ouvrir à la droite et au grand patronat un boulevard.

Aussi ce qu'il faut pour battre Nicolas Sarkozy et la droite, pour contrer les logiques du tout marchand et mettre en oeuvre la politique que réclame notre peuple, c'est d'une offre politique à gauche qui donne droit et répond aux exigences populaires ; une offre politique à gauche qui met la barre au niveau des enjeux de la planète.

Et cette offre, n'est-ce pas à nous qui sommes ici, n'est-ce pas à ce peuple de gauche qui se bat là pour sauver une usine, ici pour faire respecter le droit des migrants, là encore pour assurer le droit à l'éducation au savoir, n'est-ce pas à tous ces hommes et femmes qu'il revient de la construire ?

Et si tous et toutes ensemble, en tant que citoyennes et citoyens comme en tant qu'organisations de gauche, nous cherchions à ouvrir une autre voie ? À construire cette offre politique à gauche ?

Et si tous et toutes ensemble nous devenions partie prenante, chacun dans le respect de ce que nous sommes et de ce que sont nos organisations, d'un immense débat d'idées à l'émergence de ce projet ? Et si nous tous et toutes ensemble, nous serions capables de faire une majorité dans les luttes mais aussi dans les régions et au Parlement, au gouvernement.

Bien sûr, ce chemin est difficile. Il doit être travaillé pour fonder un rapport de forces populaire lors de chaque mobilisation sociale, pour chaque élection. Demain pour enraciner nos régions à gauche, après-demain pour enraciner la France à gauche. Car en effet, notre objectif doit bien être de créer les conditions populaires, démocratiques de prendre le pouvoir pour le rendre au peuple et avec lui lui donner acte de ses grandes exigences et aspirations.

C'est je crois la responsabilité qui est la nôtre. Nous n'avons pas vocation à commenter, critiquer et regarder la droite au pouvoir. Nous avons vocation à la battre pour mener une autre politique.

Comment faire?

En octobre 2008, j'ai lancé un appel simple : constituons un front sur la base d'un projet commun pour l'Europe, constituons à chaque fois des fronts d'actions et électoraux pour bouger le rapport de force, gagner des majorités sur des projets de transformation sociale. On l'a fait lors des élections européennes avec le Front de gauche. Et je vois nos amis qui ont été de cette belle aventure. Tout au long de la campagne, nous avons senti une dynamique et un espoir qui se levait. Et aujourd'hui les députés élus au Parlement sont dans l'action. Eux portent le choix de nos compatriotes de 2005.

Alors remettons l'ouvrage sur le métier pour donner à ce front plus de force et la faire partager par toujours plus d'hommes et de femmes.

C'est la raison pour laquelle le Parti communiste français propose à ses partenaires du Front de gauche, la Gauche unitaire, République et socialisme et le Parti de gauche, de coorganiser des ateliers du projet donnant suite à ce que nous avons fait à la Mutualité le 3 juillet dernier avec des représentants du mouvement social et démocratique, afin d'aller au bout des questions posées.

A ces ateliers, nous pourrions inviter toutes les organisations de gauche et écologistes à participer, les acteurs et actrices des luttes, tous les citoyens et citoyennes qui veulent être de cette construction.

Tenons ces ateliers du projet sur les axes qui pourraient être le fondement d'une politique de gauche.

Je pense aux questions posées par l'argent et sa maîtrise, au thème de l'Etat et des services publics, à un nouveau mode de développement et une révolution écologique, mais aussi bien sûr aux questions de la démocratie, des droits et des libertés, du savoir et de l'éducation, du droit à la culture et au temps libre. Et tenons-les sans tarder, dès les prochaines semaines. Donnons-nous pour objectif qu'à partir de la construction de plate-formes partagées, nous donnions à voir des rassemblements majoritaires possibles.

J'entends dire parfois : une telle idée serait irréalisable. Un Front de gauche majoritaire sur un projet en claire opposition aux idées libérales, ce serait utopique. Le 24 octobre 2008, j'ai appelé à la constitution du Front de gauche pour changer d'Europe, un tel front était déjà utopique. Tout le monde nous disait : vous allez vous retrouver tous seuls. Et ça a marché. Alors avec de la volonté, de la détermination, de l'envie, allons-y ! Faisons tout notre possible pour élargir au maximum ce front à toutes celles et ceux qui veulent que ça change vraiment !

C'est cela que je veux vous proposer aujourd'hui. Dans le respect de chacun, dans le respect de l'autonomie de toutes les composantes de la gauche sociale, associative, politique et intellectuelle, je vous appelle à faire ce premier pas pour rendre possible les rassemblements et les victoires futures dont nous rêvons tous et toutes au fond de nous.

Devant l'immensité des attentes populaires, devant ce monde où se côtoient le pire et tant de possibilités de bien vivre, il y a urgence à réagir. Il y a urgence à inventer autre chose. Allons-y ensemble. Construisons ensemble. Allons-y ensemble pour faire renaître l'espoir !

Je vous remercie,

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