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23 Jan

Les classes populaires déçues de sarkozy

Publié par secretaire de section

Les classes populaires déçues de sarkozy

Majoritairement séduits par les discours de Sarkozy, les ouvriers ont perdu confiance. L’IFOP analyse l’évolution de leur regard sur la crise et le pouvoir depuis 2007.

Dans une étude transversale, recoupant une série de sondages effectués depuis mai 2007, l’IFOP a analysé en continu le regard porté par les classes populaires sur l’action de Nicolas Sarkozy et leur perception de la crise économique. Pour Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’IFOP, « nous sommes en train de passer d’une crise vécue sur le mode "virtuel" aux manifestations concrètes de celle-ci ». Le sondeur compare cette séquence à celle qui a succédé à l’effondrement des tours, le 11 septembre 2001, quand la brutalité de l’événement, ici les sommes colossales en jeu, « ne permet pas d’intégrer immédiatement les faits ». Une phase en passe de s’achever, laissant place à un « ressenti au quotidien, avec les annonces de licenciement et les mises au chômage technique qui touchent d’abord les catégories populaires », précise-t-il.

Une attente de réponses politiques fortes chez les ouvriers. Dans son détail, l’étude pointe plusieurs éléments révélant l’existence d’attentes supérieures à la moyenne à l’égard des politiques dans les catégories ouvrières. Seul groupe social à rejeter majoritairement (54 % contre 31 % chez les cadres) l’idée selon laquelle « le président de la République et le gouvernement ne disposent pas de moyens efficaces contre la crise », les ouvriers se montrent les plus sensibles au volontarisme politique affiché par Nicolas Sarkozy. La courbe de popularité du chef de l’État suit pour partie les effets d’annonce de ce dernier. En conséquence, le « président du pouvoir d’achat » séduisait-il 61 % des ouvriers en mai 2007. Avant de faire une chute vertigineuse (27 % en juillet 2008). De fait, les catégories socialement les plus exposées qui réagissent positivement au volontarisme politique se montrent également les plus sensibles à l’expression concrète de ce volontarisme. De ce point de vue, ils jugent que Nicolas Sarkozy ne leur a pas apporté de réponse satisfaisante. Dans de moindres proportions, c’est le même scénario qui se profilera quelques mois plus tard. Peu après un discours très « interventionniste » sur la crise, le 25 septembre à Toulon, le chef de l’État fera un retour en grâce (36 % en octobre) dans les classes populaires avant de retomber de nouveau (32 % début janvier 2009). Contrecoup, là encore, d’une absence de résultats tangibles, au-delà des intentions affichées, pour régler la crise financière. Au total, c’est chez les ouvriers que la cote de popularité du chef de l’État enregistre sa plus forte baisse (- 29 % entre mai 2007 et janvier 2009, contre - 13 % chez les cadres pour la même période).

Les craintes pour l’emploi ne chassent pas celles pour le pouvoir d’achat. Outre une profonde inquiétude face à la crise (en janvier, 39 % des ouvriers se disent « très inquiets », contre 16 % quatre mois plus tôt), l’enquête révèle que, contrairement à « l’ensemble des Français », les ouvriers n’ont pas inversé leurs priorités et placent toujours le pouvoir d’achat devant l’emploi. Car au-delà du ressentiment suscité par les promesses non tenues de Nicolas Sarkozy sur la question, les difficultés pour « boucler la fin du mois » restent la réalité quotidienne des classes populaires. « Mais ce sont deux préoccupations qui se superposent, explique Jérôme Fourquet. Il serait faux de prétendre que les craintes pour l’emploi ne sont pas tout aussi réelles dans cette catégorie de la population, au contraire. » En conclusion, l’étude rappelle que le nombre de Français qui ne peuvent pas partir en vacances a augmenté de 10 % depuis 2005. En quatre ans seulement, on compte deux fois plus d’ouvriers privés de vacances. Ils étaient 20 % en 2005, ils sont aujourd’hui 41 %.

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