Le bilan Sarkozy rime avec récession

Le bilan Sarkozy rime avec récession

La dernière note de conjoncture de l'INSEE a prévu hier un deuxième semestre 2008 négatif.

Sans lâcher le mot, l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a toutefois confirmé que la France entre en récession : « La croissance de la France sera négative au troisième trimestre et au quatrième. » Après un deuxième trimestre à - 0,3 %, les troisième et quatrième accuseront une baisse de - 0,1 %, ce qui correspond à la définition technique d'une récession économique. Du jamais vu depuis 1993. Au final, les statistitiens de l'INSEE prévoient pour 2008 une croissance à 0,9 %, notamment grâce à bon premier trimestre (+ 0,4 %). Une prévision très loin du scénario envisagé par l'Institut en juin à 1,6 %, grâce à l'ampleur de la baisse de la consommation des ménages. Un chiffre inférieur également à l'estimation de 1 % du gouvernement lors de la présentation de son projet de loi de finances vendredi dernier. Pourtant, le budget 2009 devait être « véridique » selon la ministre de l'Économie, Christine Largarde, pour ne pas réitérer l'hypothèse chimérique associée au budget 2008 (2 à 2,5 % de croissance).

Les économistes ont pointé plusieurs facteurs derrière cette récession : l'impact de la crise financière internationale qui implique un durcissement plus marqué des conditions de financement, la poursuite de la baisse du pouvoir d'achat malgré un recul de l'inflation au deuxième semestre. Résultats : la consommation recule très fortement bien que les ménages entament leurs épargnes, le marché de l'immobilier se dégrade, les entreprises investissent moins. Avec des perspectives de croissance en panne et un chômage qui remonte (+ 8,0 % en août en France contre 7,8 % en juillet et 7,7 % en juin, selon Eurostat), le gouvernement gesticule. Depuis le show toulonnais du jeudi 24 septembre, Nicolas Sarkozy tente de mettre l'accent sur les politiques sociales du gouvernement malgré un projet de budget 2009 bien peu généreux : « La prime de Noël sera maintenue, elle sera même avancée, elle sera même majorée », a annoncé, dimanche, Xavier Bertrand, alors que cette dernière devait disparaître avec la mise en place du revenu de solidarité active (RSA). Lundi, c'était au tour d'Éric Woerth, ministre du Budget, de faire un geste. Lors de la présentation du budget 2009 de la Sécurité sociale, il prévoyait aussi une revalorisation de 6,9 % du minimum vieillesse en avril 2009 et une majoration de 11 % des pensions de réversion dès 2010. « De la poudre aux yeux », a dénoncé Maryse Dumas pour la CGT, dans un entretien à l'agence de presse Reuters. « Le président de la République fait semblant d'avoir une préoccupation en direction des personnes les plus fragiles », a-t-elle expliqué. Ces annonces en série confirment l'incapacité du gouvernement à mettre en place un plan ambitieux qui réponde aux vraies attentes qui passe notamment par un véritable plan de relance et par l'augmentation des salaires.