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23 Sep

Le RSA va sortir 300 000 travailleurs de la pauvreté

Publié par secretaire de section

« Le RSA va sortir 300 000 travailleurs de la pauvreté »


AVEC « la France des travailleurs pauvres », à paraître aujourd'hui chez Grasset, Denis Clerc jette un pavé dans la mare. Le travail n'est plus un remède contre la pauvreté, constate-t-il. Au contraire, c'est la multiplication des emplois à temps partiel et des jobs temporaires qui a fait plonger dans la pauvreté 2 millions de travailleurs et leurs familles. L'Etat porte, selon lui, sa part de responsabilité. Au nom de la baisse du chômage, il a prêté main-forte à la création d'emplois paupérisants et aggravé le problème au lieu de le réduire. Denis Clerc s'explique et lance une sérieuse mise en garde pour que le revenu de solidarité active (RSA) ne devienne pas « la dragée enrobant la pilule du mauvais emploi ».

Vous affirmez que les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux. Pourtant, la pauvreté recule en France...

Denis Clerc. Elle a reculé de 1990 à 2004, mais elle augmente à nouveau. Et, surtout, elle change de visage. Avant, elle concernait des personnes âgées ou handicapées, éloignées du marché du travail. Les revenus sociaux qui visaient à les aider étaient très faibles. Depuis, les choses ont changé : les revenus sociaux, heureusement, ont augmenté. Mais, de plus en plus, la pauvreté concerne des personnes qui sont sur le marché du travail. Dans deux ménages pauvres sur trois, il y a un travailleur, soit à temps partiel, soit avec un petit boulot qui ne permet pas de vivre décemment. Actuellement, on compte en France près de 2 millions de ménages de travailleurs qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.

  « Les femmes sont en première ligne »

Pourquoi les statistiques ne reflètent-elles pas ce type de pauvreté?

Les statistiques s'intéressent au nombre total de pauvres. Le fait qu'il y ait eu une baisse assez sensible du nombre de pauvres permettait d'éviter de regarder qui était pauvre. Et puis on était tellement content que les gens trouvent des emplois qu'on n'a pas voulu mettre l'accent sur la qualité des emplois créés. Aujourd'hui, une personne seule qui trouve un emploi à trois quarts temps au smic est en situation de pauvreté si elle n'a pas d'autre revenu. Le seuil de pauvreté officiel est de 880 , ce qui correspond à 85 % d'un temps plein au smic. Les femmes, souvent avec enfants, sont en première ligne. A la fois parce qu'elles occupent plus fréquemment que les hommes des emplois à temps partiel et parce que, lorsque le couple est séparé, ce sont souvent elles qui ont la charge des enfants.

Le dispositif du RSA va-t-il permettre d'endiguer ce phénomène ?

Partiellement. Le RSA va permettre à environ 300 000 travailleurs de sortir de la pauvreté grâce à un complément de revenu d'environ 100 par mois. A peu près autant vont voir leur sort s'améliorer, tout en restant en dessous du seuil de pauvreté. Mais pour les deux tiers restant, soit près de 1,3 million de travailleurs pauvres, le RSA ne va rien changer. Au départ, Martin Hirsch réclamait 3 milliards d'euros pour ce dispositif. S'il avait pu obtenir cet argent, on aurait pu en sortir un plus grand nombre de la pauvreté.

  « Il est rare de sortir par le haut de ces emplois mal payés »

Ne risque-t-on pas d'encourager la multiplication des emplois précaires ou à temps partiel ? 

C'est un risque. Les offres d'emplois à très faible salaire qui ne trouvaient pas preneur seront plus attractives grâce au RSA, qui viendra en complément. Les employeurs seront donc encouragés à multiplier ce type d'offres. Tandis que les chômeurs percevant le RSA risqueront de le perdre s'ils les refusent, en raison des nouvelles règles sur « l'offre raisonnable d'emploi ».

Quels sont les emplois « paupérisants » ?

Les emplois familiaux et plus généralement les services à la personne encouragés par l'Etat. Mais aussi l'hôtellerie-restauration et la grande distribution. Lorsqu'on est serveur de café ou de restaurant, femme de ménage dans un hôtel ou chez des particuliers, caissière dans un hypermarché, il s'agit souvent de « miettes d'emploi » : dix ou vingt heures par semaine payées au smic. Il est rare de sortir par le haut de ces emplois mal payés. Ce sont des impasses.

Que faudrait-il faire pour les limiter ?

Le gouvernement a une arme atomique entre les mains : les allégements de cotisations sociales appliqués aujourd'hui à ces emplois. Il a le moyen d'obliger les partenaires sociaux à engager des discussions pour réduire le nombre de ces emplois paupérisants qui sont une menace pour notre société.

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