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19 Sep

Souffrances salariales

Publié par secretaire de section

Souffrances salariales

le 27 septembre . La marche pour les salaires, à l’appel du PCF, est l’occasion de dénoncer les dégâts de vingt-cinq ans de baisse organisée du « coût du travail ».

Danse sur un volcan. Telle est l’impression que donne le spectacle du capitalisme aujourd’hui à Georges Pébereau, ancien président de l’un des plus grands groupes français, la CGE, aujourd’hui président d’honneur d’Alcatel. Dans un article intitulé « À quand l’étincelle de la révolution ? », il s’en ouvrait, avant-hier, dans le journal le Monde, en ces termes : « L’écart ne cesse de se creuser entre les salariés et la petite classe de privilégiés, protégés par le pouvoir, dont le nombre et la fortune croissent rapidement. Nous sommes, à n’en pas douter, dans une période prérévolutionnaire, au sens de 1789. » M. Pébereau n’est pas converti à la lutte de classes, et il ne marchera pas, le 27 septembre, vers l’Élysée pour la hausse des salaires. Mais sa mise en garde confirme, si besoin était, l’existence d’un puissant sentiment d’injustice dans le pays.

Sentiment que les derniers développements de la crise financière ne peuvent qu’aviver. Prix des folles aventures spéculatives du capital, des montagnes de dollars et d’euros partent en fumée tandis que le monde du travail se heurte toujours à un mur lorsqu’il réclame un « plus » pour la feuille de paie. Vingt-cinq ans déjà que ça dure, de blocages en « modération ». Les paroles ont varié - « ne pas pénaliser l’emploi », « sauvegarder la compétitivité à l’heure de la mondialisation », « ne pas enclencher un cycle inflationniste » -, le refrain n’a pas changé : pour les salaires, ce n’est jamais le moment. Les résultats sont là : une immense souffrance sociale, nourrie par une dévalorisation massive du travail. Signe le plus spectaculaire, la forte progression du nombre de smicards : 8,2 % en 1993, près de 13 % aujourd’hui. Soit quelque 2 millions de salariés qui touchent 1 037,53 euros net. Au plus. Et moins pour 900 000 d’entre eux, qui sont à temps partiel. Alors que les niveaux de formation s’élèvent, la France se smicardise.

Autre illustration de la pression constante exercée par le patronat et les gouvernements successifs sur la rémunération du travail : en trente ans, pour l’ensemble des salariés, du public et du privé, le revenu salarial annuel a stagné, en euros constants. Principaux responsables, selon le Centre d’étude des revenus et des coûts (CERC) : les allégements de cotisations patronales sur les bas salaires, qui ont tiré les rémunérations vers le bas, et le développement des emplois précaires, en particulier du travail à temps partiel. Une précarité qui a entraîné une explosion du phénomène des travailleurs pauvres, évalués à 1,7 million, qui doivent vivre avec moins de 817 euros par mois.

Non moins évocateur est le niveau du salaire médian, établi à 1 555 euros net par l’INSEE en 2006 (dernier chiffre connu). Autrement dit, 50 % des salariés gagnent plus, 50 % moins. Et pour ceux qui se trouvent dans la « mauvaise » moitié, le casse-tête budgétaire s’aiguise à mesure que le poids des dépenses contraintes, incompressibles, s’alourdit : logement, énergie, téléphonie, assurances absorbent près de 30 % du revenu disponible (13,4 % en 1959).

Austérité pour les rémunérations du travail et, simultanément, croissance des dividendes des actionnaires, des revenus du patrimoine : une évolution qui ne doit rien au hasard mais reflète celle du partage de la valeur ajoutée (richesse créée). Depuis 1983, selon la Commission européenne et le FMI, la part dévolue aux salaires a reculé de plus de 9 points (à 57,2 %), à l’avantage des profits. Les salariés ne sont pas les seuls à boire la tasse. Les assurés aussi trinquent. Car la baisse du coût du travail s’est également soldée par une baisse du salaire indirect, ou socialisé, sous la forme d’allégements de cotisations sociales. Et ces cadeaux au patronat se répercutent, d’une manière ou une autre, sur les prestations de la Sécu (retraite, remboursements de l’assurance maladie, etc.). La moitié des 13 millions de retraités touchent une pension égale ou inférieure au SMIC. Quant au sort réservé aux allocataires sociaux (RMI, allocation adulte handicapé, etc.), il n’est pas plus enviable.

D’une générosité quasi sans limite envers les foyers les plus aisés, comme l’a montré le paquet fiscal de 2007, le gouvernement, en dépit des promesses sarkozystes, maintient ces allocataires sous le seuil de pauvreté, comme l’ont dénoncé les handicapés (ils sont 810 000 à vivre avec 628 euros par mois) lors d’une manifestation historique au printemps. Eux aussi auront leur place dans la marche du 27 septembre vers l’Élysée pour un revenu décent.

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