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01 Sep

(université PS de La Rochelle) La guerre de chefs, le désarroi des militants

Publié par secretaire de section

“Choisir entre les candidats ? Pff… j’ai encore du temps d’ici au congrès”. Françoise, enseignante et adhérente au PS, ne veut pas décider maintenant. “On va attendre de voir ce qui se passe, et, franchement, il peut se passer beaucoup de choses !”  Le mot d’ordre “attendons” semble avoir gagné beaucoup de militants, même ceux qui ont leur carte depuis de longues années. La guerre des chefs, ils en ont marre et préfèrent temporiser.

“Dans ma fédération”, dit un militant de Charente-Maritime, “on veut surtout que le congrès ne se termine pas en catastrophe.” Les luttes de pouvoir pour le congrès ont largement masqué le travail des ateliers de l’université d’été. “Les journalistes disent que nous n’avons pas d’idées ? Mais les salles sont pleines, et les débats sont constructifs !” s’énerve Antoine, militant du MJS. Une antienne reprise par de nombreux présents à La Rochelle : “Vous ne parlez que des courants, pas des idées”, répond un militant en colère à une collègue qui tente de l’interroger. “Il faut bien dire que vous n’êtes pas aidés par nos dirigeants, ils font une conférence de presse par minute…”, lâche un militant du Nord, blasé.

La Rochelle

Malgré la guerre des chefs, les salles sont pleines. Mais le contenu des débats ? Il reflète souvent les turbulences idéologiques dans lequel se trouve le parti. Lors de la discussion sur l’école, on a ainsi pu entendre un militant défendre l’école privée, une position impensable au PS il y a quelques années. Ou un enseignant “plaider coupable” pour avoir participé à créer des “options cirque, patinage ou sciences du truc, qui ont toujours recruté des enfants de bourgeois” et laissé à l’écart les classes populaires. Dans la salle, les questions fusent : quid de la position du parti sur la discrimination positive à Sciences-Po ? Du fichier Base-élève ? De la suppression des cours le samedi matin ? La salle écoute, studieuse.

A la tribune, les réponses restent générales. David Assouline, sénateur de Paris, reprend l’idée d’un service public de la petite enfance, déjà présente dans le pacte présidentiel de Ségolène Royal, en affirmant : “C’est dès le plus jeune âge que les inégalités se jouent”. A la sortie, un militant pas convaincu commente, acerbe : “Si même sur l’éducation, on a des gens qui tiennent des positions différentes sur tout, on peut vraiment se poser des questions.”

Même au débat sur la laïcité, autre pilier du socialisme à la française, les convictions sont ébranlées. “J’ai entendu des choses que je n’avais jamais entendues au PS”, affirme, abasourdi, Jean-Luc Mélenchon. “Le jour où Sarkozy proposera de réviser la loi de 1905, je ne sais pas comment le parti réagira”, ajoute le sénateur de l’Essonne, inquiet.

“Tu te rends compte, Delanoë a défendu le nucléaire sans même parler du Tricastin !”. Après le débat sur l’environnement, les militants royalistes se gaussent de l’ ”incompétence” du maire de Paris en matière d’écologie. “Je ne dirai pas qu’il est incompétent”, dit l’un d’eux, “je dirai plutôt qu’il est réac ! Pour moi c’est un point de clivage fort entre Royal et Delanoë”. L’ex candidate socialiste a défendu, pendant la campagne présidentielle, la suspension du projet EPR. Le maire de Paris affirme, lui, dans sa contribution, qu’il n’est pas partisan d’une sortie du nucléaire. “De là à dire que c’est une énergie propre, il exagère…”, relativise un militant parisien.

“Ce parti ne sait plus qui il est”, estime Mélenchon. L'’évolution sociologique des militants, l’arrivée des adhérents à 20 euros, la victoire de Ségolène Royal à la primaire de 2006, les succès socialistes dans les centres urbains… Les militants du PS ont changé, ils sont de moins en moins homogènes idéologiquement.

“Le problème de ce parti, c’est qu’il est plein de gens de droite”, raille un Lyonnais, proche de la gauche du parti. A l’opposé, un strauss-kahnien confie : “Il y a encore trop de gens qui ont une vision passionnée et marxiste de la gauche dans ce parti… ils seraient mieux chez Besancenot”.

Certains y voient de bons côtés : “Je suis fier d’être dans un parti qui a des doutes, pas seulement des certitudes comme à l’UMP”, estime Michel. Un delanoïste parisien soupire : “Quand on aura une direction claire, on devra se mettre à bosser vraiment. Et là, il faudra faire plus que rassembler des courants, il faudra se rassembler sur le fond…”.

commentaire patrick un militant
les militants cités dans l’article ne font que constater une évidence : la scission idéologique du PS.
Il ne reste plus qu’à entériner officiellement celle-ci afin que cesse cette sorte de schizophrénie et que les paroles se libérent enfin.Cette scission avait déjà pu être constatée au moment du référendum sur le TCE en 2005. La majorité des Français consultés a donné raison à la minorité du PS !La clarification des valeurs serait un grand progrès. La ligne de clivage passe par l’acceptation ou non du système économique actuellement en place. A savoir un ultra-libéralisme qui ne dit pas son nom. Que les tenants de cette option affichent clairement leur opinion.Et que ceux qui pensent que ce système est générateur d’injustices et de dérives à un point encore jamais atteint, et doive être combattu, se déterminent également en ce sens.Une redistribution des cartes dans l’échiquier de gauche semble désormais inévitable. La reculer ne sert à rien, sauf à prolonger les incertitudes, et le désespoir de toute une partie de la population.

 

 

 

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