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20 Aug

La crise plombe la rentrée de la droite

Publié par secretaire de section

La crise plombe la rentrée de la droite


Conjoncture. François Fillon refuse tout plan de relance et n’annonce aucune mesure pour faire face au recul de la croissance. Il n’a qu’un objectif : poursuivre les réformes.

 

« Nous n’avons pas besoin d’un plan de relance, qui serait un plan de relance artificiel », a déclaré François Fillon à l’issue de la réunion du « pôle économique du gouvernement » qui s’est tenue hier après-midi avec Christine Lagarde, la ministre de l’Économie, Éric Woerth pour le Budget, Luc Chatel pour l’Industrie et la Consommation, Hervé Novelli chargé des PME et du Tourisme, Anne-Marie Idrac en charge du Commerce extérieur et Laurent Wauquiez pour l’Emploi. Comme attendu, la rencontre ne s’est pas conclue par l’annonce de décisions concrètes pour faire face au recul de 0,3 % de la croissance publié par l’INSEE le 14 août. Tout juste le premier ministre a-t-il souhaité « une réponse coordonnée des différents pays européens ».

« Il s’agit de prendre toute la mesure de la situation sans la dramatiser », insistait Luc Chatel avant la réunion. Depuis le 14 août, le gouvernement veut montrer qu’il est préoccupé, qu’il prend les choses en main. En même temps il se veut rassurant. Luc Chatel trouve même « quelques indicateurs qui sont encourageants ».

Attente de vents porteurs

Le pouvoir s’est construit surtout une véritable ligne de défense : la chute de la croissance est le résultat d’une crise internationale qui nous échappe ; c’est en poursuivant les réformes que la France pourra rebondir lorsque la conjoncture sera meilleure. « Nous devons poursuivre la transformation du pays initiée par le président de la République, assure Luc Chatel. (…) C’est ce qui permettra, lorsque les vents seront plus porteurs, d’aller chercher la croissance supplémentaire. » Cette posture convaincra-t-elle les Français ? Il est acquis en tout cas que la récession qui se profile plombe une rentrée qui s’annonçait, sur le plan politique, assez tranquille pour le gouvernement et l’UMP. Certes, la cote du président de la République et du chef du gouvernement reste au plus bas dans l’opinion. Mais l’exécutif pouvait se prévaloir de quelques succès estivaux : une unité retrouvée de la majorité sur la réforme des institutions, une présidence européenne marquée par l’Union pour la Méditerranée et une diplomatie active dans le conflit entre la Géorgie et la Russie… La crise vient obscurcir l’horizon de la droite et risque de dégrader encore l’image de son leader. C’est pour sa capacité et sa volonté d’agir sur le plan économique, de résoudre le problème du pouvoir d’achat, que Nicolas Sarkozy a été élu. L’absence durable de résultats concrets sur ces plans le condamne pour le moins à l’impopularité.

Débats sur une relance

Le Parti socialiste enfonce le clou. Au coeur de ses critiques, « le paquet fiscal ». « On ne peut pas reprocher à Nicolas Sarkozy la conjoncture internationale, bien sûr, mais on peut lui reprocher d’avoir dilapidé tout ce qu’on avait », affirme Laurent Fabius, qui propose « d’annuler une partie du paquet fiscal ». Le Parti socialiste préconise quelques réformes fiscales pour relancer les investissements et veut « donner du pouvoir d’achat » par des mesures telles que « l’augmentation de la prime de rentrée scolaire » ou la mise en place du « chèque transport ». Quand le PS plaide pour une « relance » même timide, la droite rétorque qu’elle refuse de laisser filer les déficits. « Il faut garder notre sang-froid », affirme Éric Woerth, et « surtout ne rien faire qui puisse dégrader nos finances publiques ». En fait, cette question ne semble guère faire aujourd’hui clivage entre le gouvernement et le PS. « Augmenter le déficit budgétaire ne relancerait rien du tout », affirme Laurent Fabius, qui estime que la France dans ce domaine a « déjà crevé le plafond ». Autre son de cloche du côté du Parti communiste, qui préconise de « s’attaquer aux causes les plus structurelles de la crise », comme du côté d’ATTAC France pour qui, « il est urgent de désarmer les marchés financiers, d’imposer des restrictions drastiques à la circulation des capitaux, de taxer toutes les transactions financières, de mettre le système bancaire sous contrôle démocratique, (…) et de sortir enfin l’Europe du carcan libéral ».

La récession qui s’est invitée dans la rentrée politique aura-t-elle des répercussions sur la rentrée sociale. Elle ne va pas manquer en tout cas d’aviver les inquiétudes, notamment sur le pouvoir d’achat et les atteintes aux systèmes éducatif et de santé…

 

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