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24 Apr

PCF : « La gauche doit reconstruire un projet fédérateur »

Publié par secretaire de section

Pour Michel Laurent, du PCF, la gauche doit riposter à Sarkozy sur tous les terrains et répondre aux défis de notre temps en s’attaquant au coeur du système.

y a un an, la gauche perdait pour la troisième fois consécutive une élection présidentielle. Est-elle condamnée à rester dans l’opposition ?

Michel Laurent. Bien sûr que non. Elle a perdu faute d’un projet fédérateur, d’un projet réellement à gauche. Faute d’un projet qui aurait pu changer réellement la vie quotidienne de nos concitoyens. Le problème est toujours entier, il faut y travailler. Sans attendre, les communistes s’y sont mis et commencent à obtenir un certain nombre de résultats. Les dernières élections municipales et cantonales montrent que Sarkozy avait gagné en faisant croire qu’il allait changer la vie des gens. Face aux mauvais coups qu’ils subissent, ils ont voulu le sanctionner.

Sur quel projet la gauche peut-elle rassembler et construire une majorité ?

Michel Laurent. Je pense que la gauche doit d’abord accepter son pluralisme, et chacune de ses forces doit y être reconnue. Toute tentative d’hégémonie du Parti socialiste sur la gauche est vouée à l’échec. Ce pluralisme doit aider à dégager un projet, des propositions qui mobilisent. Il faut travailler pour répondre à une question : qu’est-ce qui doit être fait pour améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens ? Le défi social, le défi écologique, le défi démocratique et le défi économique sont les quatre défis auxquels elle doit s’attaquer.

Le Parti socialiste avance aussi des solutions. Comment les caractérisez-vous ?

Michel Laurent.Faute de s’attaquer à ce qui fait le coeur du système, on ne pourra pas trouver de réelles solutions. Sur les quatre terrains que j’ai évoqués, on vit des crises très fortes. Avec maintenant une crise financière de très grande portée. Elle s’accompagne d’une famine sur plusieurs continents. Tout cela est le résultat de la soumission aux lois d’un marché débridé, d’une financiarisation de l’économie. Faute de mettre en cause ces logiques, la gauche ne dégagera pas de solution. Il faut donc poser les questions dans l’autre sens : quels sont les problèmes auxquels les gens sont confrontés ? Quelles solutions humaines préconiser et quels moyens pour y parvenir ? Si ces moyens doivent conduire à mettre en cause les logiques actuelles, il faut que la gauche ait le courage de s’y engager. Alors elle pourra mobiliser les couches populaires et d’autres catégories, et créer un rassemblement majoritaire.

À travers les sondages et surtout les mouvements sociaux, on voit se développer un fort mécontentement. Quelles initiatives la gauche devrait-elle prendre pour gagner de la crédibilité ?

Michel Laurent. À l’instar de ce que fait le Parti - communiste, il faut engager la riposte sur tous les terrains. Je pense aux questions de la santé, de l’école, des salaires ou encore des sans-papiers. Parallèlement, il faut engager une réflexion sur le fond. Nous allons prendre trois grandes initiatives en juin pour redéfinir notre projet. On veut réfléchir à l’état du monde et de la société, à la façon de les transformer, aux rassemblements à construire et aux outils politiques à se doter, au Parti communiste. Si la gauche veut gagner, elle doit accomplir ce travail à la fois de riposte et de réflexion pour l’avenir. Pour notre part, nous sommes de tous les mouvements sociaux, et nous avons engagé une campagne « la bourse ou la vie » : que ce soit sur les remboursements médicaux, l’école ou les salaires, l’actualité montre que le choix est à chaque fois entre la bourse, la satisfaction des actionnaires capitalistes, ou la vie, c’est-à-dire la satisfaction des aspirations du plus grand nombre. Nous sommes dans les mouvements sociaux pour participer à empêcher les mauvais coups, et également pour construire la perspective, parce que c’est aussi à partir de ce qui se dit dans les mouvements sociaux que la gauche peut et doit reconstruire son projet.

Entretien réalisé par Olivier Mayer

Humanité du 23 avril 2008

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